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Percée thérapeutique contre l'hépatite C

Un chercheur du laboratoire du Centre national de référence des hépatites virales, à l'hôpital Henri-Mondor, à Créteil. GARO/PHANIE/phanie

Les nouveaux malades français seront privés, dans l'immédiat, de ce traitement plus court et plus efficace.

La ministre de la Santé pourrait bien se trouver rapidement sous la pression des médecins et des associations de patients. Il y a en France 230.000 porteurs chroniques (persistants) du virus de l'hépatite C (VHC). Un sur cinq s'achemine vers une cirrhose. Or, à cause d'un article maladroit de la loi de financement de la Sécurité sociale adoptée le 3 décembre dernier, certains malades pourraient bien se retrouver privés jusqu'à la fin de l'année 2014 d'un nouveau traitement, le Sovaldi (sofosbuvir) du laboratoire Gilead, qui représente pourtant «un progrès majeur dans la prise en charge de l'hépatite C», selon la formule du Pr Victor de Lédinghen, secrétaire de l'Association française pour l'étude du foie.

Ce nouveau traitement est pour l'instant réservé aux malades en attente de transplantation hépatique ou rechutant après une transplantation, dans le cadre d'une procédure particulière d'autorisation temporaire d'utilisation (ATU). Mais en réalité, beaucoup de malades pourraient aussi bénéficier du Sovaldi. Pour le Pr Vincent Leroy, du CHU de Grenoble: «Son utilisation permet d'espérer des taux de guérison de l'ordre de 80 à 90 % soit en association courte avec l'interféron, pendant douze semaines, soit même sans interféron en fonction du génotype viral (Il y en a six, NDLR)», ex­plique-t-il.

Un taux de guérison remarquable à plus d'un titre. D'abord parce que «pour certains génotypes du virus de l'hépa­tite C (génotypes 1 et 4), on n'obtenait jusqu'ici, au mieux, que 70 % de guérisons», note le Pr de Lédinghen. Ensuite parce que la durée de traitement est considérablement raccourcie, à trois mois au lieu de six à douze mois.

Effets secondaires

Enfin, parce que dans les cas où l'on pourra se passer de l'interféron, les patients apprécieront. Il s'agit en effet d'un médicament dont les effets secondaires sont particulièrement pénibles quand ils surviennent. «Sovaldi est le premier traitement qui offre une option sans interféron contre l'hépatite C chronique», souligne d'ailleurs le communiqué de l'Agence européenne du médicament.

Malheureusement pour les malades français, cette indication, qui permettra de traiter tous les patients et pas seulement ceux en attente de greffe, n'entrera en vigueur que dans 8 à 12 mois lorsque les discussions sur le prix et le taux de remboursement seront terminées. Le Dr Semaille (agence du médicament) confirme que l'élargissement de l'ATU notifié le 6 décembre au laboratoire Gilead ne concerne que les malades «ayant une cirrhose en impasse thérapeutique».

«Les patients déjà traités au cours de l'ATU pourront continuer de recevoir le traitement mais pour les nouveaux patients qui ne répondent pas à l'indication de l'ATU, seuls ceux en impasse thérapeutique pourront bénéficier de sofosbuvir. À condition que le laboratoire le demande», explique Côme de Sauvebeuf, directeur du département prix et remboursement chez Kamedis, cabinet conseil pour les laboratoires. Or le coût actuel du traitement est d'environ 19.000 € par mois. Contacté par Le Figaro, Gilead n'a pas souhaité préciser ses intentions.


Pourquoi l'accès au traitement bloque

Théoriquement, un médicament ne peut être remboursé que lorsqu'il a obtenu son autorisation de mise sur le marché (AMM), et qu'ont été fixés son prix et son taux de remboursement. Dans l'attente, il peut cependant bénéficier d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU), délivrée par l'Agence du médicament.

Le 25 novembre, à l'Assemblée nationale, Marisol Touraine assurait que la nouvelle loi allait «permettre le traitement de nouveaux patients, selon les indications de l'ATU et de l'AMM nouvellement accordée ».

Sauf que l'ATU du Sovaldi est plus réduite que l'AMM en cours d'obtention et n'inclut les nouveaux malades traités que lorsqu'ils présentent une contre-indication aux médicaments déjà existants. Les autres doivent se contenter des traitements à base d'interféron. Et tant pis s'ils sont moins efficaces et moins bien tolérés.

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